Statue de bronze élégante
Poids | 12 kg |
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Dimensions | 30 × 30 × 120 cm |
Il fait une ligne. D’un décor étiré comme un fond, il creuse l’infini. Il peint au loin des évidences. L’horizon se fait alchimiste. Une déferlante dont la beauté nous assiège. La plongeuse est mobile dans toute sa statique, comme encapsulée en une mystérieuse trajectoire. Cela se joue à quelques secondes. La perfection de ce côté de la ligne, l’imperfection là-bas. Ou l’inverse. Posons alors un œil de part et d’autre du fil de cette sculpture. Soudain surgit la beauté du défaut, le sublime. Du dessus de la ligne qui sépare le parfait de l’imparfait, l’infini a bien toute sa raison. Cavalcade, cavalerie, cavalière, comme si les ondes musculeuses de la plongeuse étiraient les propres jambages : des C, pour le claquement des jambes, des A des V pour l’amplitude des enjambées, des L pour la voltige, le plongeon. Laissez-la sauter, se cabrer… Voici un caveçon en cavale, un clavier, un clavecin, au loin se dessine déjà Cavalaire, cavallo, Cavaillon, et même un caravansérail, comme un ailleurs venu du large.nnnnLe Scénario : Devant le ciel d’un gris laiteux, un voile de coton frissonne. Un frémissement à peine visible, un chuchotement en coin qui embrasse la foule assise dans les gradins. À la surface de l’eau, des montagnes de mousse dentelée se toisent. Elles naviguent sur l’eau, puis s’effacent. Alors, délestée de son grammage, dans quelques secondes la plongeuse se pliera et s’envolera tel un papier de riz, mué en origami. Sur le toit du monde, perché sur ce grand A, la plongeuse a vu ce qu’elle ne voyait plus. Elle avait oublié la colonne qui structure la forme, les méandres intérieurs qui tendent les flancs, les paysages qui se composent et se recomposent à mesure que dialoguent les nuages. En position, elle est prête. Un corps doux et rond taillé comme une bulle à l’horizontale, et à la verticale, étiré dans un « I » juste liquide et ce « L » offert au public. Lorsqu’il regarde trop longtemps vers le haut, elle ouvre grand ses bras, rêve de cosmos et se pique d’une figure nouvelle. Le bleu du ciel devient cyan, cielo, azul, elle est prête. Mais le bleu intime aime aussi veiller tard, pour ancrer ses pensées dans la médaille. Elle en rêve depuis toujours. Ce rêve Klein, indigo, marin, nuit, noir. Oscuro. À la fois réel et immatériel, densité et chimère, elle le saura bientôt. Un zeste de tension. Une piscine menthe à l’eau. Les cliquetis du port, tout près, si loin. Au bout de ses bras, la diagonale du fou. Les ombres dessinent des fenêtres d’air sur le plongeoir. Au bout de l’eau, son rêve.